A propos de François Marin

Interview de Pierre-Philippe Cadert, "A première vue", RSR, 09.10.2008

A première vue, RSR, 12.07.11, Pierre-Philippe Cadert

 

"Inscrite dans un réseau multiple de confrontations, d'héritages, et de filiations, ma pratique théâtrale se nourrit de manière cannibale de la rencontre avec l'autre."

"Noëlle Revaz, Jacques Probst, Jérôme Meizoz. Et, plus loin de nous, Catherine Anne, Carole Fréchette, Enzo Cormann, Joël Jouanneau... Parler de François Marin, c'est immédiatement parler des autres. Des personnalités qui l'ont incité à embrasser la cause théâtrale, mais surtout de ces auteurs, contemporains et bien vivants, que le metteur en scène valaisan porte sur le plateau avec un engouement constant. Les autres. Ce leitmotiv se répète tellement chez ce comédien diplômé du Conservatoire de Lausanne, qu'on n'est même pas étonné de l'avoir plus lu que vu jouer.

Car ce qu'on imagine moins, en voyant l'allure professorale de François Marin, c'est son goût prononcé de la facétie. A quinze ans, il jouait les méchants à l'écran pour ravir la galerie. Denis Rabaglia, enfant de Martigny avant de devenir le cinéaste reconnu d'aujourd'hui, le dirigeait alors dans Wanted 82, production modeste tournée en Super 8 et néanmoins primée par le jury d'un festival nyonnais. «Dans ce film réalisé pendant l'été, j'incarnais Mister Shark, le terrible homme en noir. Denis jouait le justicier.» Plus tard, toujours sur le versant du rire, il a épousé «pour de faux» l'écrivaine Noëlle Revaz, mystifiant ainsi Daniel Rausis, leur ami commun... «J'aime les rapports légers avec mes semblables comme avec les comédiens. Travailler dans la douleur n'entre pas dans ma philosophie. Une fois que j'ai choisi un comédien pour ses qualités, je lui fais confiance.»

Noirs et diaboliquement gais, ses yeux dardent dès qu'il s'agit d'évoquer son lien à la scène. Et ses oreilles enchaînent. «A l'instar de Jean-Louis Hourdin, je considère le comédien comme un instrumentiste, un musicien transmettant des émotions par la justesse de sa partition.» Oubliées donc, les techniques de l'Actor's studio qui jouent à fond la carte de l'incarnation. «Certains visitent les profondeurs psychologiques pour créer du jeu, moi, je demande aux interprètes de partir de la grammaire du texte et d'en laisser émerger ses vibrations.»
Une approche qui suppose des écritures fortes et singulières. Celles de la Française Catherine Anne et de la Québécoise Carole Fréchette, par exemple, capables de traiter des préoccupations actuelles comme l'adoption ou la violence au Proche-Orient avec, outre des qualités littéraires, un sens de l'adresse affirmé. «Oui, au théâtre, tout ou presque, se joue dans le rapport au public. La tension que l'auteur et le comédien installent avec le spectateur vaut autant que la situation.»

Je privilégie les textes poétiques, éclatés, mais je veille à les rendre apparemment simples pour qu'ils parviennent au public. Pour le trouver, le toucher.»

Propos recueillis par Marie-Pierre Genecand pour le Courrier, 6 août 2005

 

François Marin est metteur en scène, pédagogue,  a été collaborateur littéraire au Théâtre Le poche-Genève dirigé par Philippe Morand (1998-2003), collaborateur scientifique à l'Institut théâtral de l'Université de Berne au sein de l'équipe rédactionnelle du Dictionnaire du Théâtre en Suisse, Directeur du Théâtre de Valère à Sion depuis 2005 et Président du Pool des Théâtres d'accueil en 2009.

Prix jeune créateur de la Fondation Vaudoise pour la culture 2002,Prix de l’encouragement culturel de l’Etat du Valais 2000.Lauréat de la Bourse Migros pour Jeunes comédiens (93),Prix d’interprétation au Festival de Wattrelos (F) pour Video ergo sum de Denis Rabaglia (88),Diplôme de comédien professionnel (Conservatoire de Lausanne) (94),Licence ès Lettres (Français-Histoire ancienne-Grec) Uni GE (95), Maturité latin-grec au Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice